La construction de la cathédrale d’Ani, dédiée à la Sainte-Mère-de-Dieu commence en 989 sous le règne du roi Bagratide Smbat II et s’achève en 1001. Placée au centre de la ville médiévale, elle est l’œuvre de l’architecte Trdat. D’une grande audace architecturale pour l’époque, sa typologie est empruntée aux grandes basiliques construites en Arménie au cours du VIIe siècle. C’est une croix inscrite à quatre piliers libres renforcés par de puissants appuis latéraux engagés dans les murs. Cette typologie offre un vaste espace intérieur avec des piliers élancés qui divisent l’édifice en trois nefs. L’abside centrale est flanquée de deux chapelles latérales et son fond est creusé de petites niches décorées d’un motif de coquille. La coupole et le tambour effondrés au XIVe siècle reposaient sur le carré central au moyen de pendentifs. Lors du tremblement de terre qui secoua la région de Gumri en 1988, l’angle nord-ouest du monument s’est totalement effondré. Par ailleurs, une large brèche parcoure la façade sud et fragilise dangereusement la stabilité du monument. A l’extérieur, la cathédrale est richement décorée, les façades sont creusées de paires de niches dièdres, des arcatures aveugles sillonnent l’ensemble du monument. La cathédrale comporte trois portes, la principale est située dans le mur ouest, les deux autres sont percées dans les façades sud et nord. Les fenêtres sont hautes et étroites, elles sont ornées de cadres rectangulaires, d’arcs plein cintre, d’arcatures qui reposent sur des colonnettes doubles. De nombreuses inscriptions et des croix sont gravées dans les murs et des oculi complètent le riche décor sculpté du monument. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’état de conservation de ce chef-d’œuvre de l’art arménien est extrêmement préoccupant. Après plusieurs siècles d’abandon, la cathédrale a subi des dommages irréversibles. Des travaux de consolidation ont été récemment entrepris, les murs sud et ouest ont été cerclés d’une armature métallique et d’une charpente en bois. Malheureusement, cet appareillage inesthétique masque les façades et confère au monument l’apparence d’un vaisseau fantôme.